2016 Narok - Lac Natron (tanzanie) avec Joseph Tompoi

Traversée de Majimoto (Kenya) vers le lac Natron (Tanzanie) 220km avec Joseph 












CARTE

Tunapata kutembea kwa Ol Donyio Lengai na Joseph (départ avec Joseph pour le volcan sacré Ol Lengai)
27/6/2016 Départ de Majimoto (village massai de la famille de Maina)

Fils de Maina

Je retrouve Maina et sa famille avec plaisir dans leur village de Majimoto dans le sud du Kenya près de la ville de Narok. C'est toujours une grande joie de les retrouver. Même si le contexte actuel est ici très difficile. Le phénomène climatique El Nino a provoqué une forte sécheresse depuis 2015 occasionnant d'importante mortalité dans les troupeaux des massais. Maina a subit beaucoup de perte dans son troupeau de chèvres. Il doit s'en occuper et ne pourra pas m'accompagner pour notre périple. Son neveu, Joseph, m'accompagnera. Il a 21 ans et vient de se marier. Il a installé sa boma (maison traditionnelle en terre) à quelques km du village.

Jospeh TOMPOI
La nuit fut fraîche. L'absence de sac de couchage se fait sentir! J'ai mis ma tente près de la manyatta de Maina. Ici les nuits sont souvent froides et ventées. le côté positif est qu'il y a peu de moustique et de paludisme contrairement au reste de la région.

Sankalé, le chef du village et ami, nous dépose à l'intersection sur la route de Sekenani, connu comme étant la porte d'entrée du célèbre parc MASAI MARA. Nous attrapons un bus pour rejoindre le village vers le sud.






bus vers Sekenani - carnet Alex
SEKENANI

Nous passons la nuit dans une petite pension rustique massai située au milieu de la savane du district du Mara. Le Mara est une célèbre rivière connue pour la migration des gnous qui chaque année la traversent au même endroit en provenance de la Tanzanie.

Petit déjeuner, Joseph me raconte ses 3 années de passage à l'âge adulte massai pour devenir "Morane" (guerrier). Pendant cette période, les jeunes massais partent du village familiale et se regroupe dans le bush (savane) avec d'autres jeunes futurs massais. Pendant cette période, Ils se nourrissent par leur propre moyen. C'est le seul moment de la vie des massais où ils ont le droit de chasser les animaux sauvages.
Cette tradition s'est aujourd'hui un peu assouplie. Les jeunes Moranes regagnent ponctuellement leur famille pour s'occuper de la migration de leur troupeau avant de revenir dans le camp des Moranes.
Piste de Ololoi Mutia

Joseph me raconte que le 1er jour de son retour au village dans la manyatta familiale avec sa femme après les 3 années, un lion a attaqué son troupeau de plein jour. Joseph l'a blessé en le frappant avec sa lance. Bienvenue dans le monde adulte Massai!!!


Nous marchons devant le Gate du Massai Mara. Les gardes nous recommandent de rester sur la piste pour Ololoi Mutia, qui est en limite du parc car il y est interdit d'y marcher. Ils nous mettent en garde car il y beaucoup d'animaux sur la zone. Ce côté Est du Mara est très vert, luxuriant et vallonné.
Cactus

Plus loin, nous apercevons un groupe d'éléphants sur le flanc de colline. Nous continuons notre route puis tout à coup un cri violent d'éléphant résonne. le mâle dominant du groupe hurle il a senti un danger et commence à paniquer. Nous continuons notre chemin car nous sommes à distance. Mais les cris continuent et la végétation est dense. Il nous est impossible de localiser le mâle. Le risque de le voir nous charger est trop grand. Nous quittons le chemin pour rentrer dans le parc en courant afin de contourner le groupe. Nous dépassons finalement les éléphants. L'éléphant est l'animal le plus craint ici par les massais: il court vite (+40km/h), arrache les arbres. il y a peu d'alternatives: Selon les massai, il faut courir "en zigzague" dans le bush afin de l'épuiser. L’éléphant est trop massif pour faire des virages. sinon, trouver une tranché et s'y cacher. l'éléphant ne peut y descendre dedans.



femme massai sur la route - carnet voyage Alexandre

Content d'arriver à Ololai Mutia où nous déjeunons. menu: riz, choux cuisiné, pois et chapati (galette musulmane). un régal!
nuit dans la boma d'une famille massai avec les chèvres
Le paysage est constitué de plateaux magnifiques et de petites collines vertes. Nous nous arrêtons dans une manyatta massai (village) composé du mari et de ses 2 épouses habitants sous le même toit avec leurs 10 enfants (polygamie oblige!). Joseph et moi les aidons à ramener les chèvres et moutons dans la Boma (maison avec une barrière d'acacia) pour les protéger des attaques d'animaux la nuit.

La famille est très sympathique. Joseph fait la traduction en massai.
Les enfants sont fascinés par mon mini-réchaud à gaz pour la cuisine et par ma mini-tente.


les enfants sont fascinés par mon mini réchaud à gaz

LALA SALAMA WATOTO (bonnes nuit les enfants!)

OLTULELEI

Nuit toujours aussi fraîche dans ma tente avec des cris de hyènes comme berceuses... Petit déjeuner apporté par la maîtresse de maison: le chai massai (thé au lait de vaches avec épices massala).
C'est ici plus qu'une boisson, cela constitue souvent un vrai plat riche en protéines animales. Le lait est la base de l'alimentation des massais. Certains massais cultivent un lopin de terre mais ce n'est pas dans la culture massai. Nous terminons nos dernières provisions (banane, avocat, pain). Je donne au fils 500 shillings (5€) pour les remercier. Ils partent emmener les moutons paître dans la savane.

Sur la route, nous croisons des massais avec le systématique rituel de questions:
- D’où viens tu?
- où vas tu?
- quel est ton nom de famille?
- de quel manyatta (village) viens tu?
- pourquoi le blanc marche?
Plaines d'Ositesi
Nous stoppons à Ositeti près d'un dispensaire faisant office d'école primaire pour les jeunes massais. les enfants jouent au foot dans un panorama de rêve au milieu de la foret.
Nous continuons vers la plaine de NDONIYO pour rejoindre OLPUSIMORU, la ville frontière avec la Tanzanie. N'ayant pas de poste d'immigration dans cette zone du Kenya, nous nous dirigeons vers la police pour passer la frontière. Joseph passe la frontière sans problème car le territoire massai est étendu sur les 2 pays. Mais moi, j'ai besoin de me faire tamponner mon visa! Ils me disent d'aller au poste de migration de LOLIONDO pour me faire enregistrer. Avant de nous laisser partir, le policier nous demande un "Kidogo" (un peu d'argent) pour son déjeuner... Nous faisons du stop pour passer la nuit à WASO. un camion nous y dépose.

WASO (Tanzanie)

Après une nuit agitée au son de musique congolaise, nous partons pour LOLIONDO trouver le bureau de l'immigration pour me régulariser. Mais l'officier est en déplacement. Il n'y a personne. on me recommande de se régulariser à ARUSHA... nous laissons tomber et poursuivons notre route vers le sud et le lac Natron. ce sera donc en mode clandestin! Nous grimpons les pentes raides du Oloisha Hills. Traversons la foret et regagnons MOGAIDOR au milieu de champs de tournesol, mais et fleurs. Le panorama est superbe.
Un jeune cobra mort avec la tête coupée gise sur la route. Le climat chaud de la Tanzanie est propice aux serpents dans cette région.
jeune berger de la communauté Soitjo
Nous traversons de nombreuses collines verdoyantes et arrivons à SAMUNGE, située au pieds d'une falaise. TOMPOI est un peu perturbé car c'est une région qu'il ne connait pas. L'ethnie locale est cousine des massais de Narok. Les habitants sont très sympathiques et plutôt nonchalants. Je profite du coiffeur façon massai pour 100 shilling (1€). L'atmosphère de la Tanzanie contraste avec celle du Kenya: qui est plus dynamique. La langue parlé est ici le swahili. l'anglais n'est pas parlé dans ces zones.

SAMUNGE (Tanzanie)

Je profite pour acheter une carte Sim tanzanienne. La nuit est agité dans notre pension car l'équipe du chantier de la construction de la route Loliono-Samunge loge ici et est bien alcoolisée. Nous les croisons le lendemain sur notre chemin alors qu'ils conduisent leur engins. La route de EYASE nous fait descendre en altitude. la température devient rapidement étouffante, il y a peu d 'air.

SALE SOITJO (Tanzanie)

en partant de Samunge
jeunes Soitjos

En arrivant à Sale, nous sommes sur le territoire de l'ethnie semi pastorale des SOITJOS. Joseph est inquiet car c'est la 1ere fois qu'il en rencontre. C'est une ethnie qui était en conflit avec les massais. Ils sont aujourd’hui en paix. Il sont facilement identifiables car ils portent une shuka (tenue vestimentaire) colorée et les hommes des boucles d’oreilles.
Sale est au pied des collines et marque le début de la plaine de Natron-Ngorongoro.





Nous passons la nuit ici afin de préparer notre expédition pour la ville de MORIK, situé en bord du lac sur cette zone très aride et hostile. Nous devons impérativement trouver de l'eau potable pour les prochains jours car il n'y aura pas d'autres possibilités d'approvisionnement.
Les Sotjos nous préviennent que cette zone est sur territoire de plusieurs lions... sympa l'accueil!

Repos bien mérité. nous sommes exténués. Menu du soir: marague et mchele (haricots et riz en swahili). J'observe que plus nous descendons vers le sud et plus la nourriture devient rare et difficile à trouver. Nous assistons à un match de foot entre jeunes massai de Sale et ceux de Samunge.

Debout 7H pour un départ de cette longue marche. Le gérant de la pension nous indique que nous traverserons ce couloir et atteindrons Morik vers 14H! Mais par habitude je n'accorde souvent que peu de crédit à ces estimations. Comme chaque jour, nous n'avons aucune information précise sur les distances de nos marches. Avec Joseph nous questionnons les locaux sur les distances en relativisant toujours les réponses données qui sont la plupart du temps fausses. Une explication qui pourrait être avancée est que la notion de temps pour les massais est relative et très différente de la notre.
on aperçoit au loin le lac Natron (Tanzanie)

le village de MORIK est située en bordure du lac Natron.
La zone traversée est quasi désertique: toute forme de vie est réduite au minimum: des traces de pas de hyènes indiquent leur présence. Nous croisons des chacals et des autruches. c'est un décor de fin de vie: quelques acacias survivent.

En fin de journée, nous croisons les premiers massais, Joseph est rassuré. Il se sent en milieu plus familier. Nous descendons l'escarpement d'un dénivelé de 1000 m (le rift d’Afrique de l'est est une fracture de l’écorce terrestre) et apercevons au loin le lac Natron et la montagne sacrée GELAI. Les massais portent ici leur lance qui indique la présence de lion sur la zone. Il commence à faire nuit et nous sommes inquiets car le village n'est toujours pas en vue.
près du village de Morik
Nous passerons finalement la nuit dans une manayata chez une famille massai. La femme de notre hôte nous prépare le thé et de l'eau chaude pour se laver. Le paysage est lunaire au milieu d'une zone sauvage et brute, très loin de la vie moderne.  Le spectacle de mon réchaud à gaz et de l'installation de ma tente fait toujours succès auprès des enfants qui n'ont jamais vu cela.

MORIK (Tanzanie) et LE LAC NATRON
nuit dans une Boma d'une famille éleveur

La nuit sous ce magnifique ciel étoilé est apaisant après cette dure journée.
Installer la tente au milieu de la Boma de la famille entouré de haies d'acacia est rassurant et plus sécurisant. Les chiens ont aboyés une partie de la nuit ce qui effraie les animaux. Les lions n'aiment pas cela.

Le lac Natron, situé au nord de la Tanzanie,  est un lac d'eau salée célèbre pour accueillir une grande concentration de flamands roses nourrissant d'une algue qui leur donne leur coloration rose. Il borde 2 célèbres montagnes (volcans) sacrées pour les massais : OL DOINYO LENGAI et GELAI.

Le chef de famille nous accompagne le matin vers une source d'eau chaude sur le lac au milieu des oiseaux (flamands roses, cigogne...). spectacle magnifique. L'eau est brûlante mais réparatrice pour nos corps fatigués. Le lac accueille une diversité d'animaux incroyables: des gazelles Grant/Thompson, oiseaux migrateurs, chacal, lions, singes, buffles...

ENKALEZERO (Tanzanie)

Nous repartons et longeons le lac vers le sud pour regagner la ville d'Enkalezero. Cette ville est le pont de départ de mon objectif du voyage: l’ascension de la montagne sacrée OL DOINYO LENGAI.
l’atmosphère d'Enkalezero est déjà loin des villes précédemment traversées. Ici les parcs touristiques tanzaniens sont proches: Ngorongoro, Manyara, Serengenti. Les gens sont habitués au tourisme et l'atmosphère est plus agressive et beaucoup moins paisible que Samunge et Salé Soitjo.

Je me dirige vers le bureau du parc pour acheter un permis pour la montée du volcan (200 usd). Le pic n'est pas très haut 2950 m mais la pente est technique. Un guide massai m'accompagnera. l’ascension se fait dans la nuit. Le pieds du volcan, point de départ du trek est situé à 15km de la ville. Dès la nuit, je commence à faire du stop auprès des 4X4 des touristes mais personne ne s’arrête. finalement, une moto m’emmène mais tombe en panne dans le bush au milieu de la savane en pleine nuit. Des bergers massai nous aident mais rien à faire. Il va falloir faire une croix sur mon rêve de grimper cette montagne sacrée. Quelle déception.

ARUSHA (Tanzanie)

Notre périple à pieds avec Joseph s’arrête là. Nous prenons un bus pour Arusha. J'ai toujours dans l'idée de régulariser ma situation avec l'immigration tanzanienne. Les services ici sont très strictes sur les conditions d'entrée dans le pays. Ils ne rigolent pas. A Arusha, le bâtiment de l'immigration est finalement fermé encore plusieurs semaines pour cause de Ramadan...
La sortie du pays risque d'être tendu n'ayant aucune preuve d'entrée sur le territoire tanzanien.
JOSEPH TOMPOI
En arrivant au poste frontière avec le Kenya de Namenga, je me dirige directement vers la zone de "no mens land" sans passer par les bureaux d'immigrations des 2 pays. Ouf! ça marche! mais c'était risqué.  Joseph est bloqué à la frontière, le service sanitaire lui réclame une attestation de vaccin fièvre jaune mais qu'il n'a pas. Il réussit finalement à me rejoindre et nous regagnons Nairobi soulagés.


tumefika sasa Karibu Kenya - retour vers le Kenya










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